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Le temps d'une vie
13 mars 2009

Aléas symphoniques

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Nouvelle-Orléans, 1930.

La nuit vient de tomber sur le pays de la musique, l’air est vivace et entraine loin dans les environs des sons d’instruments qui résonnent. Saxophones, trompettes, pianos se suivent et s’accorde en de nombreuses notes de JazZ.  Parce que le Jazz, c’est La Nouvelle-Orléans, Ses rues résonnent aux sons des trompettes et des saxos de jour comme de nuit... le jazz est partout : dans les rues, les parcs,les bars et clubs de la ville. 

Les petits night clubs ouvrent et une flopée de couples s’engouffrent : hommes, femmes, parfois enfants où jeunes adolescents. Le rythme est parfois languissant, mais très souvent joyeux et cadencé.

Nous sommes dans le quartier français, dit le vieux carré pour les intimes.  Rue Saint Peter Street, Club mythique et réputé se succèdent mais le plus bondé reste le : Faubourg Hall, appartenant à un riche milliaire dont la famille fit fortune lors de la colonisation de 1830 par les américains. Le lieu peut accueillir une cinquantaine de personne, pour les employés qui y travaillent, c’est du boulot et de la joie.

Parmi ceux-ci : Maddy une jeune femme de vingt quatre printemps, de famille modeste qui rêve d’amour et de voyages, qui pense que la vie vaut la peine d’être vécue si ont  croit en ses convictions. Elle est serveuse, elle accueille les gens, les placent, les sers. Aux moindres désirs ou  demande la jeune jouvencelle accourent et excause, d’après le patron, c’est l’une des meilleurs.

Mais ce soir là, Maddy ne travaille pas, elle est juste de passage au club pour écouter sous les ordres du grand patron le nouveau pianiste, un nouveau qui perce tout juste dans le métier. Assise, comme nombreux clients le sont, elle attend l’arrivée de celui pour qui elle est là, un verre à la main, elle joue avec celui-ci.

Maddy est de taille moyenne, brunette aux yeux clairs, elle ne dépasse pas les mètres soixante cinq. Pour l’occasion, elle porte une robe en tissu léger de couleur bleu clair, un ruban fait de pinces et de tôle de tissu entretien et dompte sa chevelure épaisse et rebelle, à ses pieds des talons aiguilles, pas trop haut, ni pointu.

Au fond ce n’est qu’une timide rêveuse, parfois naïve et empotée, qui plait bien souvent à tout le monde.

Un son la tire de son jouet et de son amusement. Le musicien est là, installé et commence déjà à donner ses accords au piano, il est naturel et c’est un bon point, brun, prunelle noires encadré de lunettes, il à l’air assez grand.

Le son qui s’échappe de ses doigts n’est pas descriptible, à peine imaginable, la jeune femme est abasourdie, elle en frissonne même. Avec un rapide coup d’œil aux alentours ont peut constater qu’il en est de même pour toute la salle : aucun bruit, les regards sont tous fixés sur l’homme. Très beau.

Deux ou trois litanies et c’est fini, déjà. Il se lève et après deux ou trois révérences ce dirige vers le bar ou le patron sirote un verre, son ventre bedonnant touche son ventre, un cigare est amené a ses lèvres entre chaque gorgée d’alcool. Maddy est sonnée, elle se demande quoi faire mais n’a pas l’occasion de réfléchir très longtemps car voilà qu’ils viennent vers elles. Les présentations sont faites, il s’appel Vivien. L’âge ou le nom de famille n’ayant que trop peu d’importance, les voilas assis, le patron parle et les deux jeunes gens ce contemple, semble s’apprécier, la voix du sénior s’atténue et il ne reste soudainement plus qu’eux, eux et l’éternité.

Mais le temps s’écoule et il est déjà temps de revenir à la réalité, un dernier regard, il est temps de ce quitter, pour peut être ce revoir demain ? Ils n’ont presque pas parlés, de lui elle ne connait que son prénom et vice versa mais son visage, lui, est taillé dans sa mémoire.

Elle espèrera jusqu’au lendemain, et le soir tombera pour s’écouler sans sa présence. Il ne réapparut pas, et pourtant chaque jour elle espéra, encore et encore en vain.

Elle finit par continuer à vivre, ne pouvant trop s’attacher à une apparition trop futile.

Maddy quitta son emploi de serveuse, elle entreprit des études d’art à temps partiel, la vie n’était plus si simple.

Pourtant elle finit par se marier à l’âge de vingt six printemps à un médecin de grande renommé puis parti vivre à Paris, elle donna naissance à un garçon puis à une fille, qui grandirent sereinement. La vie s’écoula alors, les années passèrent, ses enfants partirent vivre ailleurs, son mari mourut à l’âge de 48ans. Elle était artiste, faisait de la musique, vivait très simplement malgré les aléas du temps sur ses traits déjà plus vieux, plus fragile.

Elle décida 15 ans plus tard de retourner dans sa ville natale.

Lors de son voyage, elle visita le lieu de son premier travail, le lieu apportait toujours beaucoup de plaisir aux gens, Maddy y passe deux soirs exquis où elle se remémora bien des souvenirs. Le vieux millionnaire n’y était plus, mort d’un cancer des poumons peu après son départ, le vieux bar était maintenant repris par une grosse femme aux allures grotesque mais très serviable et ma foi très gentille. L’agencement des lieux avait toutefois quelque peu changé, faisant office d’un lounge bar un peu plus en accord avec l’époque moderne qui se profilait.

Et pendant les quelques jours qui suivirent, elle se promena dans les rues de son enfance, elle visita le parc ou elle jouait étant petite, revit l’entrepôt désaffecté ou les amoureux s’y cachaient, contempla la boulangerie ou elle travailla plus tard et ou elle aimait dessiner, tant de souvenirs dans une aussi petite vie.

Elle n’avait plus l’intention de retourner dans sa maison blanche à l’allure victorienne en France, elle voulait rester ici, dans ses paysages connus, dans ses souvenirs d’antan, jusqu’à la mort.

Un soir alors qu’elle revenait à son hôtel, par de longs chemins d’herbes folles et le doux clapotis des tuyaux qui arrosait, elle croisa un homme auquel elle ne prêta d’abord aucune attention, elle dépassa le monsieur puis s’arrêta submergé. Maddy se retourna lentement, le cœur brimbalant, elle croisa des yeux noirs cerclé de lunettes.

Ces mêmes prunelles semblait lui sourire  et elle le reconnut, c’était lui, comme des années plus tôt il s’approcha, s’arrêta et la regarda, il lui tendit la main, elle la prit et les voilàs qui s’enfoncèrent dans le paysage, heureux. Ils vécurent  dans une petite maisonnette, d’amour et d’eau fraîche comme elle l’avait toujours voulu, aux sons d’un air de jazz. Ils s’aimèrent jusqu’à leurs derniers souffles dans le plus sincère des amours, et ils moururent ensemble, bien plus tard dans le plus beau des amours.

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Commentaires
C
Très joli texte que voici !<br /> Je n'ai pas le courage de faire un commentaire exhaustif, mais sache que j'ai bien aimé ! =)<br /> <br /> Bisous !
J
Merci beaucoup de m'avoir répondu. :)
D
Merci tout d'abord à mon dévoué Ipsen, j'ai pris tes remarques en compte et j'ai amélioré tout ça. Merci d'être présent.<br /> <br /> Pour la demoiselle Julie Maryline : Je ne considère pas celà comme une indiscrétion, juste de l'interet. La demoiselle Desyllusions se prénomme Amandine.
J
J'aime beaucoup ton texte, vraiment.<br /> Je suis passé récemment sur ton blog et avais posté un commentaire... Mais apparemment il n'a pas pris. <br /> <br /> Bref, je me permettais une simple coquetterie (^^)... Celle de savoir ton prénom?<br /> <br /> A bientôt!<br /> Julie.
I
Et bien, comme tu me l'as demandé, je vais te donner mon avis. C'est mon avis, juste mon avis, ça vaut ce que ça vaut, et c'est clairement pas l'avis d'un expert ou un avis qui doit être prit comme universel.<br /> <br /> Comme je te l'ai déjà dit, la fin est trop courte, on n'apprécie pas assez la chute, un chouilla de suspense, sentir la différence des 15 ans. Une retrouvaille unique, aussi inattendu que merveilleuse. Le lieu a changé? La ville a gardé son charme? Des souvenirs oubliés reviennent? Tu peux développer cette partie à mon gout, il y a matière à écrire.<br /> <br /> Un autre passage qui mérite un développement à mon sens, est le moment où le musicien joue. Le pouvoir de la musique, ça existe, on ressent des sentiments forts rien qu'en entendant quelques notes, les instruments nous raconte leur histoire. D'un commun accord entre le musicien et son instrument, nait une mélodie que les mots ne peuvent décrire. Rajouter un petit coté mystique et mystérieux à l'homme peut être.<br /> <br /> Sinon, sympa la petite auto-référence :).<br /> <br /> Malgré ce que je viens de dire, c'est un texte que je trouve joli, agréable à lire et qui a largement sa place ici.
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